Le grand jour est arrivé : le monarque est de retour 💗
Il y a quelques jours une femelle patrouillait le terrain à la recherche d'asclépiades, et grâce à mes efforts des années passées, elle en a trouvé !
La voici, dans toute sa splendeur :
Son aile inférieure gauche est endommagée, j'imagine que la route a été longue jusque chez moi, mais cela aura valu la peine, de belles touffes d'asclépiades l'attendaient :
Le bosquet d'une dizaine d'asclépiades a été planté il y a 3 ans, et l'autre de 3 asclépiades cette année. La variété d'asclépiades que j'ai planté est ''incarnate''. Cette variété pousse dans la nature, mais je me suis procuré les miennes en pépinière. Une autre variété d'asclépiade pousse également dans la nature, il s'agit de l'asclépiade commune:
(cette photo a été prise dans un terrain vague près de chez moi)
La grande différence se situe au niveau de la grandeur des feuilles, mais le monarque l'adore également. En fait, il apprécie toutes les variétés d'asclépiades.
Il semblerait que la femelle monarque préfère les asclépiades faisant partie d'un bosquet assez généreux pour pondre ses oeufs plutôt qu'une asclépiade isolée, car si la chenille tombe de la plante pour une raison quelconque - soit parce que la branche où elle se tient est secouée, ou parce qu'elle se laisse tomber pour éviter un prédateur - elle aura plus de facilité à retrouver la tige d'une asclépiade si le bosquet est abondant. La chenille semble ne pas s'orienter par la vue ni par l'odorat, mais plutôt vagabonder au hasard afin de retrouver une asclépiade sur laquelle remonter, car c'est la seule nourriture dont elle se nourrit. Si elle ne réussit pas à remonter sur l'asclépiade, elle meurt.
Les feuilles de l'asclépiade étant toxiques, cela rend la chenille toxique auprès des potentiels prédateurs comme les oiseaux. Grâce à sa toxicité elle évite ainsi de se faire déguster et déambule tranquillement sur la plante, broutant toute feuille en santé se retrouvant sur son chemin.
Le 28 juillet, oh surprise, une deuxième femelle monarque s'est pointée, elle aussi probablement à la recherche d'asclépiades pour pondre ses oeufs. Je sais que ce n'est pas la même que la première puisqu'en observant attentivement ses ailes inférieures on peut voir qu'elles sont endommagées, mais pas au même endroit : celle-ci a le côté inférieur droit d'endommagé :
Voici d'autres photos de ces 2 beautés :
Au repos sur les feuilles d'une plante sauvage, en bordure de mon terrain :
D'après le livre ''L'univers du monarque'' que je viens de terminer,
je comprend que les 2 femelles monarques qui viennent d'arriver chez moi sont nées dans le sud des États-Unis au début de l'année 2019, et elles ont volé jusqu'ici pour pondre sur des asclépiades; elles sont destinées à mourrir dans quelques semaines.
Les oeufs qu'elles ont pondu dans mes asclépiades deviendront des papillons qui naitront fin août- début septembre, mais ils ne s'éterniseront pas ici car ils devront rapidement voler jusqu'au Mexique où ils hiverneront.
Ils repartiront de là et se rendront jusqu'au sud des États-Unis au début de 2020 pour y pondre, puis mourront par la suite; ce sont ces oeufs pondus au début 2020 qui se rendront jusqu'à mes asclépiades.
Conclusion : ce sont les enfants des papillons qui naitront ici en septembre qui reviendront pondre chez moi l'été prochain. Mais comment font-ils pour retrouver leur chemin ??!?
C'est la chute des températures en septembre qui donnera le signal au monarque qu'il est temps de partir vers le sud puisque le froid les paralyse. Il profite ainsi de l'abondance de nourriture aux États-Unis et au Canada durant l'été, puis retourne au Mexique lorsque le climat devient trop froid par ici, après un périple de quelque 4000 km ! Une fois arrivé au Mexique, il s'agrippe aux arbres avec des millions d'autres monarque et il passera l'hiver sans s'alimenter. Puis au printemps, les individus les plus forts reprendront la route vers le sud des États-Unis et la boucle recommence.
Pour vraiment tout savoir sur le monarque, la lecture de ce livre est recommandée puisqu'il couvre tout ce qu'il y a à savoir sur ce magnifique papillon !
Afin d'aider un peu le monarque, j'ai planté des asclépiades, au pied desquelles je n'ai pas mis de paillis puisque l'asclépiade se ressème toute seule. J'espère profiter de cela pour agrandir mon offre d'asclépiades et attirer de plus en plus de femelles monarques !
Je n'enlève pas non plus à l'automne les tiges une fois que la plante meurt, je le fais seulement au printemps. Je vais passer les tiges dans la déchiqueteuse et étendre ce paillis naturel au pied des plantes. Celui-ci va se décomposer en humus et viendra engraisser les asclépiades. La nature retourne à la nature 😍.
Puisque la totalité des monarques qui naissent au Québec le font en août et septembre, il faut prévoir à proximité des asclépiades différentes variétés de plantes qui fleuriront durant ces deux mois, puisque le monarque aura besoin de prendre des forces avant d'amorcer son périple vers le Mexique. S'il ne trouve pas de fleurs chez vous, il partira aussitôt trouver de la nourriture ailleurs. Il faut planifier en conséquences si on veut profiter un peu de ce magnifique papillon !
Je me suis aussi inscrite à ''Mission monarque'', dont voici le lien :
https://www.mission-monarch.org/fr/signup/
Cela me permet d'indiquer combien j'ai d'asclépiades chez moi, combien de monarques me visitent, si je vois des oeufs, des chenilles ou des chrysalides. Je note toutes mes observations et des scientifiques s'en servent pour évaluer la population de monarque et pleins d'autres trucs.
Ce matin j'ai compté 11 chenilles en tout : 3 sur le petit bosquet et 8 sur le gros bosquet. Je ne les ai sûrement pas toutes vues puisqu'elles sont plus souvent qu'autrement sous les feuilles, donc plus difficiles à voir. Voici quelques photos :
Présentement les chenilles mesurent de 1 à 3 cm, mais elles atteindront la grosseur de mon petit doigt. D'ici plus ou moins 2-3 semaines, on devrait voir apparaitre des chrysalides, cocon dans lequel la chenille s'installe pour la grande transformation. Dans son cocon, elle se désagrège en une sorte de bouillie, puis se reforme pour devenir un monarque qui lui, sortira du cocon pour s'envoler vers le Mexique !
Voici en gros les stades qui permettent de transformer un minuscule oeuf en monarque :
1) la femelle trouve des asclépiades qui lui plaisent et pond ses oeufs; cette étape dure environ 3 semaines.
2) dépendamment des conditions climatiques, l'oeuf se transforme en chenille en 3 à 10 jours.
3) la chenille atteint sa maturité en 3 semaines.
4) elle s'accroche sous une feuille et se débarrasse de sa dernière peau : cette étape dure une journée.
5) la chrysalide apparait et à l'intérieur la transformation chenille/papillon s'effectue : durée 1 semaine.
6) la chrysalide verte devient noire : durée 1 journée.
7) le monarque sort de sa chrysalide : durée 1 heure
8) le monarque reste sur l'asclépiade pour faire ''sécher'' ses ailes : durée 1 journée
9) les 2-3 premiers jours après être sorti de sa chrysalide, il les passe à se nourrir.
10) dépendamment de la période de l'année durant laquelle le monarque voit le jour : s'il est né en début d'année, il s'accouple, et s'il est né en septembre, il s'envole vers le Mexique pour fuir l'hiver.
Si la tendance se maintient, je verrai naitre - si je suis chanceuse - une dizaine de monarques sur mon terrain !
La nature est merveilleuse quand on prend le temps de l'observer !
Accueillir le monarque, une autre étape me permettant d'inviter la nature dans ma cour, pour le plus grand plaisir de mes yeux, et de mon appareil photo !
Lors de ma prochaine publication, je ferai le comparatif de mon terrain à mon arrivée ici avec ce qu'il est devenu maintenant. Toute une transformation !
Je ferai aussi un suivi sur le monarque. J'ai hâte de voir combien de chenilles se rendront à maturité et combien de monarques s'envoleront de ma cour !
Je vous laisse avec une photo d'un bébé écureuil faisant la farniente sur une branche alors que la température indique un ressenti de 38 celsius !